Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/540

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te daigne ainsi tirer d’entre les âmes basses.
C’est moi dont la clémence abaisse ma grandeur
jusqu’à te visiter, et faire cette ardeur
qui jusque dans ton sein de là-haut s’est coulée ;
c’est moi qui jusqu’à moi t’élève et te soutiens,
de peur que par ton poids ton âme ravalée
n’embrasse, au lieu de moi, la terre dont tu viens.

Ni tes efforts d’esprit, ni ceux de ta ferveur
n’enfantent ce desir qu’il me plaît de produire :
il est un pur effet de ma haute faveur,
de mon aspect divin qui sur toi daigne luire.
Sers-t’en pour t’avancer avec facilité
au chemin des vertus et de l’humilité ;
fais qu’aux plus grands combats sans peine il te prépare ;
fais que jusqu’en mon sein il te puisse ravir,
qu’il t’y puisse attacher sans que rien t’en sépare,
ni refroidisse en toi l’ardeur de me servir.

Le feu brûle aisément, mais il est malaisé
que sa pointe aille haut sans un peu de fumée :
ainsi de quelques-uns le zèle est embrasé,
en qui l’impureté n’est pas bien consumée.
Un reste mal détruit de leurs engagements