Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/542

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que pour suivre le choix de mon seul bon plaisir.

Je sais de ce desir quel est le digne objet,
à gémir si souvent je vois ce qui t’engage,
et comme tes soupirs ne vont pas sans sujet,
j’entends du haut du ciel leur plus secret langage.
Un dédain de la terre, une sainte fierté
te voudroient déjà voir dans cette liberté
qu’assure à mes élus le séjour de la gloire :
il charme ton esprit ici-bas captivé,
et sera quelque jour le prix de ta victoire ;
mais le temps, ô mon fils, n’en est pas arrivé.

Avant ce temps heureux un autre est à passer,
un temps tout de combats, et tout d’inquiétudes,
un temps où les travaux ne doivent point cesser,
un temps plein de malheurs, et d’épreuves bien rudes.
Tu languis cependant, et tes ardents souhaits
pour le bien souverain, pour la céleste paix,
ont une impatience, ont une soif extrême :
tu ne peux pas sitôt atteindre où tu prétends ;
prie, espère, attends-moi, je suis ce bien suprême,
mais mon royaume enfin ne viendra qu’en son temps.

Il faut encore en terre éprouver ta vertu ;
il faut sous mille essais encor que tu soupires ;
je saurai consoler ton esprit abattu,