Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/566

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une pureté d’âme inviolable, entière,
un tendre et long regret d’avoir longtemps failli :
ne compte à rien le monde ; et quand cet infidèle
par quelques hauts emplois émeut ta vanité,
préfère ceux où je t’appelle
à tout l’extérieur dont tu te vois flatté.

Tu ne peux contempler mes augustes mystères,
m’offrir une âme pure et des vœux innocents,
et laisser tout ensemble aux douceurs passagères
ce dangereux aveu de chatouiller tes sens.
Il faut qu’un saint exil, par un pieux divorce,
de tes plus chers amis sache te retrancher,
et rejette toute l’amorce
des satisfactions qui viennent de la chair.

Ainsi Pierre autrefois, ce prince des apôtres,
savoit en éviter le piége décevant,
et pour à son exemple attirer tous les autres,
il les prioit lui-même, et leur disoit souvent :
" Contenez vos desirs, et marchez sur la terre
comme si vous étiez en pays étranger ;
ce sont eux qui vous font la guerre,
et leur plus doux appas fait le plus grand danger. "