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Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/575

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pour tout ce que la terre a d’attraits dangereux.
Tout ce qu’aime la chair est l’objet de sa haine ;
et bien loin de courir vagabonde, incertaine,
au gré de quelque folle ardeur,
la retraite a pour elle une si douce chaîne
que paroître en public fait rougir sa pudeur.

Leurs consolations sont même si diverses,
que l’une les arrête à ce qu’aiment les sens :
l’autre, qui les tient impuissants,
ne regarde que Dieu dans toutes ses traverses,
n’a recours qu’à lui seul, et ne se plaît à rien
qu’en l’unique et souverain bien.

Retrancher l’espoir du salaire,
c’est rendre la nature à son oisiveté ;
et détourner ses yeux de sa commodité,
c’est la mettre en état de ne pouvoir rien faire.
Elle ne prête point ses soins officieux,
sans prétendre aussitôt ou la pareille ou mieux ;
quelques dons qu’elle fasse, elle veut qu’on les prise,
que ses moindres bienfaits soient tenus de grand poids,
qu’elle en ait la louange ou qu’on l’en favorise,
et qu’un foible service acquière de pleins droits.

Oh ! que la grâce est différente !