Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/606

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un tel ravissement de ma bénignité,
que cette sainte joie en vrais plaisirs féconde,
qui toujours les remplit et toujours surabonde,
par un regorgement qu’on ne peut expliquer,
fait que rien ne leur manque, et ne leur peut manquer.

Plus ils sont élevés dans ma gloire suprême,
plus leur esprit soumis se ravale en lui-même,
et mon amour par là redoublant ses attraits,
le plus humble d’entre eux m’approche de plus près.
Aussi devant l’éclat qui partout m’environne
l’écriture t’apprend qu’ils baissent leur couronne,
qu’ils tombent sur leur face aux pieds du saint Agneau
qui daigna de son sang racheter le troupeau,
et qu’ainsi prosternés ils adorent sans cesse
du Dieu toujours vivant l’éternelle sagesse.

Plusieurs veulent savoir ce que chaque saint vaut,
et qui d’eux tient au ciel le grade le plus haut,
qui sont mal assurés s’ils pourront les y joindre,
et s’ils mériteront d’être reçus au moindre.
C’est beaucoup de se voir le dernier en un lieu
où tous sont grands, tous rois, tous vrais enfants de Dieu.
Le moindre y vaut plus seul que mille rois en terre,