Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/607

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et l’orgueil de cent ans frappé de mon tonnerre
n’a de part qu’au séjour de l’éternelle mort
qui du plus vieux pécheur doit terminer le sort.

Ainsi je dis moi-même autrefois aux apôtres :
" Si vous voulez au ciel être au-dessus des autres,
sachez qu’auparavant il faut se convertir,
qu’il faut s’humilier, qu’il faut s’anéantir,
se ranger aussi bas que cette foible enfance
qui vit soumise à tous par sa propre impuissance :
autrement, point d’accès au royaume des cieux.
Oui, ce petit enfant qui se traîne à vos yeux
de votre humilité doit être la mesure :
rendez-vous ses égaux, ma gloire vous est sûre ;
l’amour vous y conduit, et l’espoir, et la foi ;
mais le plus humble enfin est le plus grand chez moi. "

Voyez donc, orgueilleux, quelle est votre disgrâce :
bien que le ciel soit haut, la porte en est si basse,
qu’elle en ferme l’entrée à ceux qui sont trop grands
pour se pouvoir réduire à l’égal des enfants.

Malheur encore à vous, riches pour qui le monde
en consolations de tous côtés abonde !
Les pauvres entreront, cependant qu’au dehors
vos larmes et vos cris feront de vains efforts.
Humble, réjouis-toi ; pauvres, prenez courage :