Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/619

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Si tu ne le disois, quel homme oseroit croire
qu’un Dieu jusqu’à ce point se voulût abaisser ?
Et si tu n’ordonnois à tous de s’avancer,
quel homme attenteroit à cet excès de gloire ?
Si Noé fut cent ans à bâtir un vaisseau
qui contre le ravage et les fureurs de l’eau
devoit garantir peu de monde,
quelle apparence, ô Dieu, qu’ayant à recevoir
le créateur du ciel, de la terre et de l’onde,
une heure à ces respects prépare mon devoir ?

Si ton grand serviteur, ton bien-aimé Moïse,
pour enfermer la pierre écrite de tes doigts,
fit une arche au désert d’incorruptible bois,
et vêtit ses dehors d’une dorure exquise ;
si de ce bois choisi le précieux emploi
ne fut que pour garder les tables d’une loi
que tu voulois être suivie :
moi qui ne suis qu’un tronc tout pourri, tout gâté,
pour recevoir l’auteur des lois et de la vie,
oserai-je apporter tant de facilité ?

Ce modèle accompli des têtes couronnées,