Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/636

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je n’ai point d’autre force en qui prendre assurance ;
je n’ai point d’autres biens où je puisse attacher
la juste ambition de ma persévérance.
Comble donc aujourd’hui de solides plaisirs
ce cœur, ces amoureux desirs,
que pousse jusqu’à toi ton serviteur fidèle :
vois les empressements de son humble devoir,
et ne rejette pas cette ardeur de son zèle,
qu’un vrai respect prépare à te bien recevoir.

Entre dans ma maison, où j’ose t’inviter ;
répands-y les douceurs de ta vertu cachée ;
que de ta propre main je puisse mériter
d’être à jamais béni comme un autre Zachée.
Daigne m’admettre au rang, par ce comble de biens,
des fils d’Abraham et des tiens :
c’est le plus cher desir, c’est le seul qui m’enflamme ;
et comme tout mon cœur soupire après ton corps,
comme il le reconnoît pour sa véritable âme,
mon âme pour s’y joindre unit tous ses efforts.

Donne-toi donc, Seigneur, donne-toi tout à moi ;
par ce don précieux dégage ta parole :
tu me suffiras seul, je trouve tout en toi ;
mais sans toi je n’ai rien qui m’aide ou me console.