Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/639

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Si telle est ma foiblesse et ma trépidité
au milieu d’un secours de puissance infinie,
si j’ai tant de langueur et tant d’aridité
alors que je célèbre ou que je communie,
en quel abîme, ô Dieu, serois-je tôt réduit,
si j’osois me priver du fruit
que tu m’offres toi-même en ce divin remède !
Et dessous quels malheurs me verrois-je abattu,
si j’osois me trahir jusqu’à refuser l’aide
que ta main y présente à mon peu de vertu !

Certes, si je ne puis me trouver chaque jour
en état de t’offrir cet auguste mystère,
du moins de temps en temps l’effort de mon amour
tâchera d’avoir part à ce don salutaire.
Tant que l’âme gémit sous l’exil ennuyeux
qui l’emprisonne en ces bas lieux,
ce qui plus la console est ta sainte mémoire,
la repasser souvent, et d’un zèle enflammé,
qui n’a point d’autre objet que celui de ta gloire,
s’unir par ce grand œuvre à son cher bien-aimé.

Ô merveilleux effet de ton amour pour nous,
que toi, source de vie, et première des causes,
le créateur de tout, le rédempteur de tous,