le souverain arbitre enfin de toutes choses,
tu daignes ravaler cette immense grandeur
jusqu’à venir vers un pécheur,
jusqu’à le visiter, homme et Dieu tout ensemble !
Tu descends jusqu’à lui pour le rassasier,
par un abaissement devant qui le ciel tremble,
d’un homme tout ensemble et d’un Dieu tout entier !
Heureuse mille fois l’âme qui te reçoit,
toi, son espoir unique et son unique maître,
avec tous les respects et l’amour qu’elle doit
à l’excès des bontés que tu lui fais paroître !
Est-il bouche éloquente, est-il esprit humain
qui ne se consumât en vain
s’il vouloit exprimer toute son allégresse ?
Et peut-on concevoir ces hauts ravissements,
ces avant-goûts du ciel, que ta pleine tendresse
aime à lui prodiguer en ces heureux moments ?
Qu’elle reçoit alors pour hôte un grand seigneur !
Qu’elle en prend à bon titre une joie infinie,
et brave de ses maux la plus âpre rigueur,
voyant l’auteur des biens lui faire compagnie !
Qu’elle se souvient peu du temps qu’elle a gémi,
quand elle loge un tel ami !
Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/640
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