Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/643

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Il n’est point de mortel qui puisse concevoir
ce qui n’est pas même au pouvoir
de la subtilité que tu dépars à l’ange ;
et je serois coupable autant comme indiscret,
moi qui ne suis que terre et fange,
d’attenter à comprendre un si profond secret.

J’approche donc, Seigneur, puisque tu me l’ordonnes,
mais avec un cœur simple, une sincère foi,
et mon respect y porte un vertueux effroi
qui n’intimide point l’espoir que tu me donnes.
Je crois, et je suis prêt de signer de mon sang
que sous ce rond, que sous ce blanc,
véritable Homme-Dieu, tu caches ta présence,
et que ce que les yeux jugent encor du pain
n’en conserve que l’apparence,
qui voile à tous nos sens ton être souverain.

Je vais te recevoir, tu le veux, tu commandes
que mon cœur à ton cœur s’unisse en charité ;
porte donc jusqu’à toi son imbécillité
par un don spécial et des grâces plus grandes.
Qu’au feu d’un saint amour ce cœur liquéfié
trouve en un Dieu crucifié
l’océan où sans cesse il s’écoule et s’abîme ;