Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/681

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dont ta souveraine grandeur
avant les temps est revêtue.
Seigneur, que je te dois bénir
d’épargner à ma foible vue
ce qu’elle n’eût pu soutenir !

Les yeux même de tout un monde
en un seul regard assemblés,
de tant de lumière aveuglés,
rentreroient sous la nuit profonde :
ils ne pourroient pas subsister,
s’ils attentoient à supporter
des clartés si hors de mesure ;
et l’éclat de ta majesté,
quand elle emprunte une figure,
fait grâce à notre infirmité.

Sous ces dehors où tu te ranges
je te vois tel qu’au firmament :
je t’adore en ce sacrement
tel que là t’adorent les anges.
La différence entre eux et moi,
c’est que les seuls yeux de la foi
m’y font voir ce que j’y révère,
et qu’en ce lumineux pourpris