Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/701

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daigne nous régaler,
j’y vais l’âme si languissante
que je ne trouve point par où m’en consoler.

J’y porte une tiédeur qui dégénère en glace ;
mes élans les plus doux y font aussitôt place
à mon aridité,
et me laissent devant ta face
stupide aux saints attraits de ta bénignité.

Je n’y sens point comme eux ces ardeurs empressées ;
je n’y vois point régner sur toutes mes pensées
ces divines chaleurs,
dont leurs âmes comme forcées
distillent leur tendresse en des torrents de pleurs.

De la bouche et du cœur je les vois tous avides,
tous gros des bons desirs qui leur servent de guides,
courir à ces appas,
et voler à ces mets solides
que ta main leur prodigue en ces divins repas.

S’ils n’ont ton corps pour viande et ton sang pour breuvage,
leur faim en ces bas lieux n’a rien qui la soulage,
qui puisse l’assouvir ;
et de ton amour ce saint gage