Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/715

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t’offriroit beaucoup plus, s’il pouvoit davantage.
Je m’offre donc entier, et tout ce que je puis,
sans rien garder pour moi de tout ce que je suis :
je m’immole moi-même, et pour toute ma vie,
au pied de tes autels, en volontaire hostie.

Que ne puis-je, ô mon Dieu, suppléer mon défaut
par tout ce qu’après toi le ciel a de plus haut !
Et pour mieux exprimer tout ce que je desire
(mais, ô mon rédempteur, t’oserai-je le dire ?
Si je te fais l’aveu de ma témérité,
lui pardonneras-tu d’avoir tant souhaité ?),
je souhaite aujourd’hui recevoir ce mystère
ainsi que te reçut ta glorieuse mère,
lorsqu’aux avis qu’un ange exprès lui vint donner
du choix que faisoit d’elle un Dieu pour s’incarner,
elle lui répondit et confuse et constante :
" Je ne suis du Seigneur que l’indigne servante ;
qu’il fasse agir sur moi son pouvoir absolu,
comme tu me le dis et qu’il l’a résolu. "
Tout ce qu’elle eut alors pour toi de révérence,
de louanges, d’amour, et de reconnoissance,
tout ce qu’elle eut de foi, d’espoir, de pureté,
durant ce digne effort de son humilité,
je voudrois tout porter à cette sainte table
où tu repais les tiens de ton corps adorable.