Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/722

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qu’il déploie à toute heure et sa force et sa ruse,
pour m’enlever, s’il peut, ce qu’il voit tout à moi.

Viens, et n’apporte point une foi chancelante
que la raison conseille et qui tient tout suspect ;
je la veux simple et ferme, avec l’humble respect
qu’à ce grand sacrement doit ta sainte épouvante.
Viens donc, et pour garant en ce divin repas
de tout ce que tu crois et que tu n’entends pas,
ne prends que mon vouloir et ma toute-puissance :
je ne déçois jamais, et ne puis décevoir ;
mais quiconque en soi-même a trop de confiance
se trompe, et ne sait rien de ce qu’il croit savoir.

Je marche avec le simple, et ne fais ouverture
qu’aux vrais humbles de cœur de mes plus hauts secrets ;
aux vrais pauvres d’esprit j’aplanis mes décrets,
et dessille les yeux où je vois l’âme pure.
La curiosité qu’un vain orgueil conduit
se fait de ses faux jours une plus sombre nuit,
qui cache d’autant plus mes clartés à sa vue :
plus la raison s’efforce, et moins elle comprend ;
aussi comme elle est foible, elle est souvent déçue ;
mais la solide foi jamais ne se méprend.