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Scène III

L’Infante, Léonor
L’Infante

Où viens-tu, Léonor ?

Léonor

Où viens-tu, Léonor ? Vous applaudir, Madame,
Sur le repos qu’enfin a retrouvé votre âme.

L’Infante

D’où viendrait ce repos dans un comble d’ennui ?

Léonor

Si l’amour vit d’espoir, et s’il meurt avec lui,
Rodrigue ne peut plus charmer votre courage.
Vous savez le combat où Chimène l’engage :
Puisqu’il faut qu’il y meure, ou qu’il soit son mari,
Votre espérance est morte, et votre esprit guéri.

L’Infante

Ah ! qu’il s’en faut encor !

Léonor

Ah ! qu’il s’en faut encor ! Que pouvez-vous prétendre ?

L’Infante

Mais plutôt quel espoir me pourrais-tu défendre ?
Si Rodrigue combat sous ces conditions,
Pour en rompre l’effet, j’ai trop d’inventions.
L’amour, ce doux auteur de mes cruels supplices,
Aux esprits des amants apprend trop d’artifices.

Léonor

Pourrez-vous quelque chose, après qu’un père mort
N’a pu dans leurs esprits allumer de discord ?