GUSTAVE BARDA, ÉDITEUR. | CORNEILLE
ILLUSTRÉ
PAR PAUQUET.
LE MENTEUR,
COMÉDIE EN CINQ ACTES.
|
BEST, HOTELIN ET RÉGNIER, GRAVEURS. |
SUR
LE MENTEUR.
Une pièce de Lopez de
Véga, intitulée la Verdad sospechosa,
fut imitée par
Pierre Corneille dans sa comédie
du Menteur, qui parut
en 1642 sur le théâtre de
l’hôtel de Bourgogne. Le succès
en fut considérable, car
on n’avait pas encore vu en
France de comédie aussi
amusante et aussi régulièrement
conduite. Le cardinal
de Richelieu encouragea
cette heureuse tentative, et
fit présent d’un habit magnifique
à l’acteur Bellerose,
qui remplissait le rôle de
Dorante. Beaucoup de vers
du Menteur devinrent des
proverbes, et plus de cent
ans après la représentation,
un grand seigneur racontant
à sa table des anecdotes controuvées,
l’un des convives
se tourna du côté d’un laquais
en disant : « Cliton,
donnez à boire à votre maître. »
On sait que Cliton est
le domestique du Menteur.
La pièce de Corneille fut imitée en 1750 par l’auteur italien Goldoni.
Quoique emprunté au théâtre espagnol, le Menteur a une physionomie toute française, et c’est un tableau exact des mœurs de la fin du règne de Louis XIII. On y voit qu’il était déjà d’usage à Paris d’aller se promener sous les ombrages des Tuileries, quoique la main du célèbre Lenôtre ne les eût pas encore embellis. La tirade de la scène V, acte ii, nous prouve que la capitale dut beaucoup aux soins éclairés du cardinal de Richelieu. Le Pré-aux-Clercs, qui s’étendait sur la rive gauche de la Seine, en face de la galerie du Louvre, se couvrit de beaux édifices, et le Palais-Cardinal, commencé en 1629 par l’architecte Jacques Lemercier, était complètement achevé en 1642.
Le récit de la scène V, acte i, donne lieu de croire qu’en France comme en Espagne, il était d’usage de donner des sérénades aux dames, et de les promener sur l’eau, le soir, à la lueur des feux d’artifice.
Molière disait un jour à Boileau, si l’on doit en croire le Bolœana : « Je dois beaucoup au Menteur. Lorsqu’il parut, j’avais bien l’envie d’écrire ; mais j’étais incertain de ce que j’écrirais :