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i33 MÊLITE.

en lui-même. « Ce ne sera pas un petit plaisir pour le monde, lit-on dans la Lettre <la sieur Claveret, si vous continuez à vous persuader d'être si grand poëte ; il est vrai que dès le premier voyage que vous files en cette ville, les judicieux reconnurent en vous cette humeur. » Toutefois l'assurance de Corneille ne l'empêchait pas de profiter de tout ce qui pouvait compléter son éducation poétique. « Un voyage que je fis à Paris pour voir le succès de Mélite, dit notre poêle dans l'Examen de CUtandre, m'apprit qu'elle n'étoit pas dans les vingt et quatre heures : c'étoit l'unique règle que l'on connût en ce temps-là. J'entendis que ceux du métier le blâmoient de peu d'effets et de ce que le style en étoit trop familier. »

Depuis lors il s'attacha d'une manière assez constante à la règle des vingt-quatre heures. Quant aux critiques qui lui étaient adressées, il y répondit par CUtandre, qui ne fut, s'il faut en croire Corneille, qu'une démonstration, assurément très- victorieuse, du mauvais effet des coups de théâtre et des intrigues compliquées.

jNon-seulement Mélite eut un grand succès sur le théâtre de Mondory, mais elle figura bientôt avec honneur au répertoire des principales troupes de province. Dans la Comédie des co- médiens de Scudéry, un acteur à qui l'on demande ce que ses camarades peuvent jouer, indique d'abord les pièces de Hardy, et le Pyrame de Théophile, puis il ajoute : « Nous avons aussi a Sylvie, la Chryséide et la Syluanire, les Folies de Cardénio, rinjidèle confidente, et la Filis de Scire, les Bergeries de M. de Racan, le Ligdamon, le Trompeur puni, Mélite, CUtan- dre, la Veuve, la Bague de l'oubli, et tout ce qu'ont mis en lumière les plus beaux esprits de ce temps. »

Celte Comédie des comédiens fut jouée dans sa nouveauté, le 28 novembre i63/t, à l'Arsenal, aux noces du duc de la Valette, du sieur de Puy Laurens et du comte de Guiche, en présence de la Reine. Selon la Gazette extraordinaire du 3o no- vembre 1634, qui donne des détails étendus sur cette repré- sentation, « la comédie qui fut représentée en vers fut la Melite deScudéry, où vingt violons jouèrent aux intermèdes. » Mais le i5 décembre suivant cette erreur lut ainsi corrigée: « Vous serez avertis pour la fin, qu'au récit des trois noces dernièrement faites à l'Arsenal, la comédie en prose étoit de

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