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Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/39

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SUR PIERRE CORNEILLE. xxvii

courageuse conduite du maître des eaux et forêts? Le père de Corneille ne jouit pas longtemps de la distinction qu'il ve- nait d'obtenir: il mourut le 12 février lOSg, à l'âge de soixante-sept ans.

Les années qui sviivirent le succès du Cid furent bien tris- tement remplies pour Corneille par les persécutions des jaloux et des envieux, les chagrins de famille, les règlements de suc- cessions*, les tracas d'affaires. Un sieur François Hays avait obtenu des provisions de second avocat du Roi au siège géné- ral des eaux et forêts, à la table de marbre du Palais, à Rouen ^, qui venaient réduire de moitié les profits de la charge acquise par Corneille dix ans auparavant. Nous ignorons quelle fut l'issue de l'atraire ; mais elle demeura longtemps pendante et nécessita de nombreuses démarches. On voit que les motifs qui retardèrent jusqu au commencement de l'année i6Z(0 la repré- sentation d'Horace furent de plus d'un genre et que le décou- ragement de Corneille ne tenait pas à des causes purement lit- téraires. Fort maltraité par les poètes et les critiques du temps, lors de la nouveauté du Cid, Corneille espéra se ménager la bienveillance de certains d'entre eux en leur lisant Horace avant la représentation. Ce fut chez Boisrobert que la lecture eut lieu, probablement afin de bien disposer le cardinal de Richelieu. Les assistants, dont on ne nous a nominé peut-être que les principaux, étaient Cliapelain, Barreau, Charpi, Faret, l'Estoile et d'Aubignac^. Ce dernier fut d'avis de changer le dénoûment ; l'Estoile appuya d'Aubignac ; Chapelain proposa aussi un cinquième acte de sa façon. Mais si, en certaines cir- constances. Corneille était un bourgeois assez humble, il garda toujours comme poète une fière indépendance : il goûta peu toutes ces observations. Nous ne savons pas ce qu'il y répondit dans cette assemblée ; mais nous connaissons les sentiments dont il était animé, par le a mauvais compliment » qu'il fit plus tard à Chapelain, à qui il dit, d'un ton à ce qu'il paraît assez bourru , « qu'en matière d'avis il craignait toujours qu'on ne les lui donnât par envie et pour détruire ce qu'il avait bien fait. »

I. Voyez Pièces justificatives, n° V. — 2. Voyez ibidem, n° VI. 3. Voyez au tome III, p. 25^-257, ce que nous avons dit de cette lecture, dont les biograpties de Corneille n'avaient pas parlé jusqu'ici.

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