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LA VEUVE.

rendre assez de respect de lui partager mes ouvrages ; et de six pièces de théâtre qui me sont échappées[1], en ayant réduit trois dans la contrainte qu’elle nous a prescrite, je n’ai point fait de conscience d’allonger un peu les vingt et quatre heures aux trois autres. Pour l’unité de lieu et d’action, ce sont deux règles que j’observe inviolablement ; mais j’interprète la dernière à ma mode ; et la première, tantôt je la resserre à la seule grandeur du théâtre, et tantôt je l’étends jusqu’à toute une ville, comme en cette pièce. Je l’ai poussée dans le Clitandre jusques aux lieux où l’on peut aller dans les vingt et quatre heures ; mais bien que j’en pusse trouver de bons garants et de grands exemples dans les vieux et nouveaux siècles, j’estime qu’il n’est que meilleur de se passer de leur imitation en ce point. Quelque jour je m’expliquerai davantage sur ces matières[2] ; mais il faut attendre l’occasion d’un plus grand volume : cette préface n’est déjà que trop longue pour une comédie.

  1. Corneille a ici en vue, outre la Veuve, Mélite et Clitandre, déjà imprimés, la Galerie du Palais et la Suivante, qui furent jouées dans le courant de l’année 1634, et la Place Royale, qui ne fut représentée qu’au commencement de 1635. Ce passage nous apprend que Corneille avait terminé ces trois dernières pièces avant le 13 mars 1634, date de l’achevé d’imprimer de la Veuve.
  2. Voyez ci-dessus, p. 117.