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896 LA VEUVE.

l'autre ; ce qui n'arrive point quand elles sont liées en- semble, cette liaison étant cause que Tune commence nécessairement au même instant que Tautre fmit.

Cette comédie peut faire connoître ' l'aversion naturelle que j'ai toujours eue pour les a parte. Elle m'en donnoit de belles occasions, m'étant proposé d'y peindre un amour réciproque qui parût dans les entretiens de deux personnes qui ne parlent point d'amour ensemble, et de mettre des compliments d'amour suivis entre deux gens qui n'en ont point du tout l'un pour l'autre, et qui sont toutefois obligés par des considérations particulières de s'en rendre des témoignages mutuels. C'étoit un beau jeu pour ces discours à part, si fréquents chez les an- ciens et chez les modernes de toutes les langues ; cepen- dant j'ai si bien fait, par le moyen des confidences qui ont précédé des scènes artificieuses, et des réflexions qui les ont suivies, que sans emprunter ce secours, l'amour a paru entre ceux qui n'en parlent point, et le mépris a été visible entre ceux qui se font des protestations d'amour. La sixième scène du quatrième acte semble commencer par ces a parte, et n'en a toutefois aucun. Célidan et la nourrice y parlent véritablement chacun à part, mais en sorte que chacun des deux veut bien que l'autre entende ce qu'il dit. La nourrice cherche à donner à Célidan des marques d'une douleur très-vive, qu'elle n'a point, et en affecte d'autant plus les dehors pour l'éblouir ; et Célidan, de son côté, veut qu'elle aye lieu de croire qu'il la cherche pour la tirer dvi péril où il feint qu'elle est, et qu'ainsi il la rencontre fort à propos. Le reste de cette scène est fort adroit, par la manière dont il dupe cette vieille, et lui arrache l'aveu d'une fourbe 011 on le vouloil prendre lui-même pour dupe. 11 l'enferme,

1. Var. (('dit. flo i66o-i()G8) : rccoimoîtrc.

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