EXAMEN. 395
je croyois lors fort raisonnable entre la rigueur des vingt et quatre heures et cette étendue libertine qui n'avoit aucunes bornes. Mais elle a ce même défaut dans le par- ticulier de la durée de chaque acte, que souvent celle de l'action y excède de beaucoup celle de la représentation. Dans le commencement du premier, Pbiliste quitte Alci- don pour aller faire des visites avec Clarice, et paroît en la dernière scène avec elle au sortir de ces visites, qui doivent avoir consumé toute l'après-dînée, ou du moins la meilleure partie. La même chose se trouve au cin- quième : Alcidon y fait partie avec Célidan d'aller voir Clarice sur Je soir dans son château, 011 il la croit encore prisonnière, et se résout de faire part de sa joie à la nourrice, qu'il n'oseroit voir de jour, de peur de faire soupçonner l'intelligence secrète et criminelle qu'ils ont ensemble ; et environ cent vers après, il vient chercher cette confidente chez Clarice, dont il ignore le retour. Il ne pouvoit être qu'environ midi quand il en a formé le dessein, puisque Célidan venoit de ramener Clarice (ce que vraisemblablement il a fait le plus toi qu'il a pu, ayant un intérêt d'amour qui lepressoit' de lui rendre ce service en faveur de son amant) ; et quand il vient pour exécuter cette résolution, la nuit doit avoir déjà assez d'obscurité pour cacher cette visite qu'il lui va rendre. L'excuse qu'on pourroit y donner, aussi bien qu'à ce que j'ai re- marqué de ïircis dans Mélite, c'est qu'il n'y a point de liaison de scènes, et par conséquent point de continuité d'action. Aussi on ' pourroit dire que ces scènes déta- chées qui sont placées l'une après l'autre ne s'entre- suivent pas immédiatement, et qu'il se consume un temps notable entre la lin de l'une et le commencement de
��1. Var. (édit. de 1660): qui le presse.
2. Var. (édit. de i66o-i66/i): l'on,
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