Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/617

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Me fait voir clairement combien j’étois déçu,
Je ne condamne plus mon amour au silence, ly^^
Et viens faire éclater toute sa violence’.
Souffrez que mes désirs, si longtemps retenus.
Rendent à sa beauté des vœux qui lui sont dus ;
Et du moins par pitié d’un si cruel martyre
Permettez quelque espoir à ce cœur qui soupire i?’»"

CHRirSANTE.

Votre amour pour Doris est un si grand bonheur
Que je voudrois sur l'heure en accepter l'honneur ;
Mais vous voyez le point où me réduit Philiste,
Et comme son caprice à mes souhaits résiste-.
Trop chaud ami qu’il est, il s’emporle à tous coupsi?’»^
Pour un fourbe insolent qui se moque de nous.
Honteuse qu’il me force à manquer de promesse,
Je n’ose vous donner une réponse expresse.
Tant je crains de sa part un désordre nouveau.

CÉLIDA?J.

Vous me tuez. Madame, et cachez le couteau : «7^0
Sous ce détour discret un refus se colore.

CHRTSANTE.

Non, Monsieur, croyez-moi, votre offre nous honore :
Aussi dans le refus j ’au rois peu de raison :
Je connois votre bien, je sais votre maison.
Votre père jadis (hélas ! que cette histoire i?^^
Encor sur mes vieux ans m’est douce en la mémoire !),
Votre feu père, dis-je, eut de l’amour pour moi :
J’étois son cher objet ; et maintenant je voi
Que comme par un droit successif de famille
L’amour qu’il eut pour moi, vous l’avez pour ma fille.

1. Var. J’en viens faire éclater toute la violence. (i66o-64)

2. Var. Et comme sa boutade à mes souhaits résiste. Trop chaud ami qu’il est, il s’emporte aujourd’hui Pour un qui nous méprise et se moque de lui. (i 634-57)