Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/36

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Adieu : c'est de vous seuls que je puis recevoir
De quoi garder encor quelque reste d'espoir.

Martian, Justine.



'MARTIAN' — Justine, tu le vois, ce bienheureux obstacle
Dont ton amour semblait pressentir le miracle.
Je ne te défends point, en cette occasion,
De prendre un peu d'espoir sur leur division ;
Mais garde-toi d'avoir une âme assez hardie
Pour faire à leur amour la moindre perfidie :
Le mien de ce revers s'applique tant de part,
Que j'espère en mourir quelques moments plus tard.
Mais de quel front enfin leur donner à connaître
Les périls d'un amour que nous avons vu naître,
Dont nous avons tous deux été les confidents,
Et peut-être formé les traits les plus ardents ?
De tous leurs déplaisirs c'est nous rendre coupables :
Servons-les en amis, en amants véritables ;
Le véritable amour n'est point intéressé.
Allons, j'achèverai comme j'ai commencé :
Suis l'exemple, et fais voir qu'une âme généreuse
Trouve dans sa vertu de quoi se rendre heureuse,
D'un sincère devoir fait son unique bien,
Et jamais ne s'expose à se reprocher rien.

ACTE III


Scène 1

Pulchérie, Martian, Justine.



'PULCHÉRIE' — Je