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Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/35

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Mais si je ne l'ai pas, ce titre qui l'enchante,
Seigneur, à qui tient-il qu'à son humeur changeante ?
Son orgueil contre moi doit-il s'en prévaloir,
Quand pour me voir au trône elle n'a qu'à vouloir ?
Le sénat n'a pour elle appuyé mon suffrage
Qu'afin que d'un beau feu ma grandeur fût l'ouvrage :
Il sait depuis quel temps il lui plaît de m'aimer ;
Et quand il l'a nommée, il a cru me nommer.
Allez, seigneur, allez empêcher son parjure ;
Faites qu'un empereur soit votre créature.
Que je vous céderais ce grand titre aisément,
Si vous pouviez sans lui me rendre heureux amant !
Car enfin mon amour n'en veut qu'à sa personne,
Et n'a d'ambition que ce qu'on m'en ordonne.

'MARTIAN' — Nous allons, et tous deux, seigneur, lui faire voir
Qu'elle doit mieux user de l'absolu pouvoir.
Modérez cependant l'excès de votre peine ;
Remettez vos esprits dans l'entretien d'Irène.

'LÉON' — D'Irène ? Et ses conseils m'ont trahi, m'ont perdu.

'MARTIAN' — Son zèle pour un frère a fait ce qu'il a dû.
Pouvait-elle prévoir cette supercherie
Qu'a faite à votre amour l'orgueil de Pulchérie ?
J'ose en parler ainsi, mais ce n'est qu'entre nous.
Nous lui rendrons l'esprit plus traitable et plus doux,
Et vous rapporterons son cœur et ce grand titre.
Allez.

'LÉON' — Entre elle et moi que n'êtes-vous l'arbitre !