Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/41

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me dit-il, Justine, et de quelle retraite
Ose-t-il menacer l'hymen qu'il me souhaite ?
De Léon près de moi ne se fait-il l'appui
Que pour mieux dédaigner de me servir sous lui ?
Le hait-il ? Le craint-il ? Et par quelle autre cause...

'JUSTINE' — Qui que vous épousiez, il voudra même chose.

'PULCHÉRIE' — S'il était dans un âge à prétendre ma foi,
Comme il serait de tous le plus digne de moi,
Ce qu'il donne à penser aurait quelque apparence ;
Mais les ans l'ont dû mettre en entière assurance.

'JUSTINE' — Que savons-nous, madame ? Est-il dessous les cieux
Un cœur impénétrable au pouvoir de vos yeux ?
Ce qu'ils ont d'habitude à faire des conquêtes
Trouve à prendre vos fers les âmes toujours prêtes.
L'âge n'en met aucune à couvert de leurs traits :
Mon que sur Martian j'en sache les effets ;
Il m'a dit comme à vous que ce grand hyménée
L'envoira loin d'ici finir sa destinée ;
Et si j'ose former quelque soupçon confus,
Je parle en général, et ne sais rien de plus.
Mais pour votre Léon, êtes-vous résolue
À le perdre aujourd'hui de puissance absolue ?