Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/49

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S'il ne me veut pour vous donner toutes ses voix.
Adieu, seigneur : je crains de n'être plus maîtresse
De ce que vos regards m'inspirent de faiblesse,
Et que ma peine, égale à votre déplaisir,
Ne coûte à mon amour quelque indigne soupir.


Scène 4


Léon, Justine.


'LÉON' — C'est trop de retenue, il est temps que j'éclate :
Je ne l'ai point nommée ambitieuse, ingrate ;
Mais le sujet enfin va céder à l'amant,
Et l'excès du respect au juste emportement.
Dites-le-moi, madame : a-t-on vu perfidie
Plus noire au fond de l'âme, au dehors plus hardie ?
A-t-on vu plus d'étude attacher la raison
À l'indigne secours de tant de trahison ?
Loin d'en baisser les yeux, l'orgueilleuse en fait gloire ;
Elle nous l'ose peindre en illustre victoire.
L'honneur et le devoir eux seuls la font agir !
Et m'étant plus fidèle, elle aurait à rougir !

'JUSTINE' — La gêne qu'elle en souffre égale bien la vôtre :
Pour vous, elle renonce à choisir aucun autre ;
Elle-même en vos mains en a fait le serment.

'LÉON' — Illusion nouvelle, et pur amusement !