Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je hais l'empressement de ces devoirs sincères,
Qui ne jette en l'esprit que de vagues chimères,
Et ne me présentant qu'un obscur avenir,
Me donne tout à craindre, et rien à prévenir.

'ASPAR' — Le besoin de l'état est souvent un mystère
Dont la moitié se dit, et l'autre est bonne à taire.

'PULCHÉRIE' — Il n'est souvent aussi qu'un pur fantôme en l'air
Que de secrets ressorts font agir et parler,
Et s'arrête où le fixe une âme prévenue,
Qui pour ses intérêts le forme et le remue.
Des besoins de l'état si vous êtes jaloux,
Fiez-vous-en à moi, qui les vois mieux que vous.
Martian, comme vous, à vous parler sans feindre,
Dans le choix de Léon voit quelque chose à craindre ;
Mais il m'apprend de qui je dois me défier ;
Et je puis, si je veux, me le sacrifier.

'ASPAR' — Qui nomme-t-il, madame ?

'PULCHÉRIE' — Aspar, c'est un mystère
Dont la moitié se dit, et l'autre est bonne à taire.
Si l'on hait tant Léon, du moins réduisez-vous
À faire qu'on m'admette à régner sans époux.

'ASPAR' — Je ne l'obtiendrai point, la chose est sans exemple.

'PULCHÉRIE' — La matière au vrai zèle en est d'autant plus ample ;
Et vous en montrerez de plus rares effets
En obtenant pour moi ce qu'on n'obtint jamais.

'ASPAR' — Oui ; mais qui voulez-vous que le sénat vous donne,
Madame, si Léon...

'PULCHÉRIE' — Ou Léon, ou personne.
À l'un