Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/61

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de ces deux points amenez les esprits.
Vous adorez Irène, Irène est votre prix ;
Je la laisse avec vous, afin que votre zèle
S'allume à ce beau feu que vous avez pour elle.
Justine, suivez-moi.


Scène 4


Aspar, Irène.


'IRÈNE' — Ce prix qu'on vous promet
sur votre âme, seigneur, doit faire peu d'effet.
La mienne, toute acquise à votre ardeur sincère,
Ne peut à ce grand cœur tenir lieu de salaire ;
Et l'amour à tel point vous rend maître du mien,
Que me donner à vous, c'est ne vous donner rien.

'ASPAR' — Vous dites vrai, madame ; et du moins j'ose dire
Que me donner un cœur au-dessous de l'empire,
Un cœur qui me veut faire une honteuse loi,
C'est ne me donner rien qui soit digne de moi.

'IRÈNE' — Indigne que je suis d'une foi si douteuse,
Vous fais-je quelque loi qui puisse être honteuse ?
Et si Léon devait l'empire à votre appui,
Lui qui vous y ferait le premier d'après lui,
Auriez-vous à rougir de l'en avoir fait maître,
Seigneur, vous qui voyez que vous ne pouvez l'être ?