Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/68

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Son zèle est grand pour elle : il faut le satisfaire,
Et lui mieux obéir qu'il n'a daigné me plaire.
Sexe, ton sort en moi ne peut se démentir :
Pour être souveraine il faut m'assujettir,
En montant sur le trône entrer dans l'esclavage,
Et recevoir des lois de qui me rend hommage.
Allez, dans quelques jours je vous ferai savoir
Le choix que par son ordre aura fait mon devoir.

'ASPAR' — Il tiendrait à faveur et bien haute et bien rare
De le savoir, madame, avant qu'il se sépare.

'PULCHÉRIE' — Quoi ? Pas un seul moment pour en délibérer.
Mais je ferais un crime à le plus différer ;
Il vaut mieux, pour essai de ma toute-puissance,
Montrer un digne effet de pleine obéissance.
Retirez-vous, Aspar : vous aurez votre tour.


Scène 3


Pulchérie, Martian, Justine.


'PULCHÉRIE' — On m'a dit que pour moi vous aviez de l'amour,
Seigneur ; serait-il vrai ?

'MARTIAN' — Qui vous l'a dit, madame ?

'PULCHÉRIE' — Vos services, mes yeux, le trouble de votre âme,
L'exil que mon hymen vous devait imposer :
Sont-ce là des témoins, seigneur, à récuser ?

'MARTIAN'