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Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/75

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n'est plus...

'PULCHÉRIE' — Sachez...

'LÉON' — Je ne veux rien savoir,
Et je n'apporte ici ni respect ni devoir.
L'impétueuse ardeur d'une rage inquiète
N'y vient que mériter la mort que je souhaite ;
Et les emportements de ma juste fureur
Ne m'y parlent de vous que pour m'en faire horreur.
Oui, comme Pulchérie et comme impératrice,
Vous n'avez eu pour moi que détour, qu'injustice :
Si vos fausses bontés ont su me décevoir,
Vos serments m'ont réduit au dernier désespoir.

'PULCHÉRIE' — Ah ! Léon.

'LÉON' — Par quel art, que je ne puis comprendre,
Forcez-vous d'un soupir ma fureur à se rendre ?
Un coup d’œil en triomphe ; et dès que je vous vois,
Il ne me souvient plus de vos manques de foi.
Ma bouche se refuse à vous nommer parjure,
Ma douleur se défend jusqu'au moindre murmure ;
Et l'affreux désespoir qui m'amène en ces lieux
Cède au plaisir secret d'y mourir à vos yeux.
J'y vais mourir, madame, et d'amour, non de rage :
De mon dernier soupir recevez l'humble hommage ;
Et si de votre rang la fierté le permet,
Recevez-le, de grâce, avec quelque regret.
Jamais fidèle ardeur n'approcha de ma flamme,
Jamais frivole espoir ne flatta mieux une âme.
Je ne méritais pas qu'il eût aucun effet,
Ni qu'un amour si pur se vît mieux satisfait.
Mais quand vous m'avez dit : "quelque ordre qu'on me donne,
Nul autre ne sera maître de ma personne, "