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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/118

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civ ETUDE

cliansooûier populaire, romancier, solliciteur au Palais, vendeur de chapelets de baume, valet, comédien, il est l'ancêtre de Gil Blas, eutreprenant, séduisant, aimé comme lui, mais aussi peu scrupuleux sur le choix des moyens. Il est à la fois Almaviva, par la grâce irrésistible de la jeunesse, et Figaro, par la souplesse de l'esprit. Almaviva, caché précisément sous le nom de Liudor, n'a qu'à se montrer pour conquérir le cœur de Rosine ; la Rosine de Cliudor, Isabelle, à première vue, aime ce jeuae premier accompli, et l'aime pour lui-même, malgré l'humilité de sa for- tune présente :

Un amour véritable S'attache seulement à ce qu'il voit d'aimable; Qui regarde les biens ou la condition N'a qu'un amour avare ou plein d'ambition, Kt souille lâchement par ce mélange infâme Les plus nobles désirs qu'enfante une belle âme*.

Ce valet qui se sent fait pour commander, rival heureux du maître qu'il sert et qu'il dupe, comme Figaro, se redresse fière- ment quand on l'insulte:

��Si le ciel en naissant ne m'a fait grand seigneur, 11 m'a fait le cœur ferme et sensible à l'honneur, Et je pourrais bien rendre un jour ce qu'on me prête*.

��A un certain moment même, ce galant de comédie devient presque uu héros tragique : bâtonné par les gens d'Adraste, son rival malheureux, il se défend, et le tue ; emprisonné, condamné à mort, satisfait de mourir, puisqu'il meurt pour Isabelle, il analyse curieusement ses sensations, il observe que « la peur de la mort le fait déjà mourir 3 », mais il est prêt, et montre quelque impatience des lenteurs du bourreau:

Fais ton office, ami, sans causer davantage*

��1. Vniusion comique, II, 6.

2. Ihid... II, 7.

3. Ibid., IV, 7. 4. Ib:d., IV, 8.

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