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!68 LE CID

Ce jeune cavalier, cet amant que je donne, je l'aime.

LÉONOR.

Vous l'aimez!

��Mets la main sur mon cœur, Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur, Comme il le reconnaît !

LÉONOR.

Pardonnez-moi, Madame, 85

Si je sors du respect pour blâmer cette flamme. Une grande princesse à ce point s'oublier Que d'admettre en son cœur un simple cavalier! Et que dirait le Roi? que dirait la Castille? Vous souvient-il encor de qui vous êtes fille? 90

l'infan te.

Il m'en souvient si bien que j'épandrai mon sang Avant que je m'abaisse à démentir mon rang. Je te répondrais bien que dans les belles âmes Le seul mérite a droit de produire des flammes,

82. Ce mot de cavalier, dit M. Marty-Lavcaux, était encore assez noureau à l'époque où Corneille écrivait ses comédies. L'usage s'établit bientôt d'écrire cavalier partout ou l'on écrivait auparavant chevalier, et la tyrannie de cet usage détermina Corneille, dès 1637, dans son édition in-S" du Cid, à mettre cavalier dans tous les endroits où il avait imprimé d'abord chevalier dans l'édi- tion iu-4«. Voyez les vers 88, 427, 1401, 1428. — Cet amant que je donne; elle tient décidément à le donner; voyez la note du vers 67.

Var. Ce jeune chevalier, cet amant que je donne. (1637-44.)

86. Var. Si je «org da respect pour blâmer votre flamme. (1637-38.)

88. Var, Choisir pour votre amant on simple chevalier! (1637, in-4«-44.)

Choisir poar votre amant an simple cavalier! (1637, in-12-56.)

A ce point que d'admettre ; dans ces tournures, que disparaît aujourd'haL

89. Var. Et que dira le Roi? qne dira la Castille?

VoDB soQvenez-yoas point de qai vods êtes fllle?

— Oai, oui, je m'en .conviens, et j'épandrai mon sang PlatAt qne de rien faire indigne de mon rang. (1637-66.)

91. Pant-il croire, avec M. Littré, qu'épandre indiaue, dans l'actioD, une torte d'ordre et d'arrangement qui n'est pas dans répandre? L'observation peut être juste, si elle s'applique à tel vers où épandre exprime en effet une idée d'heureuse abondance :

C'est on parterre où Flore épand ses biens. (La Fontaine, Fab. X, 1.

Mais en beaucoup d'antres cas, comme ici, Corneille dit : épandre le sanr. Epandre est donc souvent, surtout au ztu* siècle, un simple synonyme as répandre.

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