Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE m, SCÈNE IV S39

CHIMÈNE.

Malgré des feux si beaux qui troublent ma colère, Je ferai mon possible à bien venger mon père; Mais, malgré la rigueur d'un si cruel devoir, Mon unique soubait est de ne rien pouvoir.

D. RODRIGUE.

miracle d'amour !

CBIMÈNE.

comble de misères ! 985

D. RODRIGUE.

Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères I

CHIMÈNE.

Rodrigue, qui l'eût cru?...

D. RODRIGUE.

Chimène, qui l'eût dit?...

CHIMÈNE.

Que notre heur fût si proche et sitôt se perdît?...

D. RODRIGUE.

Et que si près du port, contre toute apparence.

Un orage si prompt brisât notre espérance? 990

981. Yar. Malgré des feiu si beaax qui rompant ma colère (1637-56.)

La correction est heureuse, car, ainsi que l'ayait observé l'Académie, « ce rerbe rompre s'accommode mal avec feux ».

982. A bien venger, pour bien venger, comme aux vers 1419 et 1680.

985. Yar O miracle d'amour ! — Mais comble de misères ! (1637-4*.)

986. Nos pères. Avec quelque amertume mêlée de douceur ils se souviennent que le malheur qui les frappe a frappé des iunocents, et qu'ils n'en sont point responsables. Dans la bouche de Chimène, l'expression de ce souvenir semblerait déplacée ; elle est partirulierement touchante dans la bouche de Rodrigue, qui sait son père innocent aussi et le père de Chimène seul coupable.

988. Après Vaugelas, La Bruyère (De quelques usages) regrettait la disparition de ce mot si français, heur, qui a fait bonheur et qui subsiste encore aujourd'hui dans la locution heur et malheur. On le retrouvera au vers 1035. Vers la fin du xvn" siècle, il avait vieilli, et M. Mesnard n'en cite qu'un exemple emprunté aux Poésies diverses de Racine. En tout cas, il survit en ces vers qui sont dans toute» lei mémoires.

990. Aristophane a employé la même métaphore d'autre façon. Dans la parabase des Guêpes, il se plaint de l'insuccès des Nuées. « Le poète n'en est pa«  amoindri dans l'estime des gens de goût, quoiqu'en tournant la borne et p*»» wnties rivaux il ait brisé son espérance {t^|v iulvoiav iuv<i(i^(v.} ■

�� �