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ÉTUDE D'ENSEMBLE xxxi

le mettront à sa perfection, et achèveront de l'épurer; je le souhaite de tout mon cœur. Cependant agréez que je joigne ce malheureux poëme aux vingt-et-un qui l'ont précédé avec plus d"éclat; ce sera la dernière importauité que je vous ferai de cette nature : non que j'en fasse une résolution si forte qu'elle ne se puisse rompre; mais il y a grande apparence que j'en demeurerai là*. »

C'est au lendemain même de son échec, alors que la blessure était encore saignante, que Corneille adressait au public ingrat cet adieu, où l'orgueil humilié parle un langage si amer. On aura remarqué pourtant qu'avec sa prudence ordinaire, il ne s'iuterdit pas tout espoir de retour. Il fait bien, car s'il avait persisté dans sa résolution, nous u'aurions pas Sertorius. Quant à ses souhaits désintéressés en faveur des jeunes poètes qui devaient reprendre et perfectionner son œuvre, le reste de la vie de Corneille prouve assez qu'il ne faut pas trop les prendre au sérieux.

��IV

LA RETRAITE ET LA RENTRÉE AD THÉÂTRE. (1652-1639.)

Il était sincère pourtant, et sentait toute la grandeur de .son sacriftce. On ne songe pas assez cpi'à cette date Corneille a qua- raute-sept ans à peine. Lorsque Fontenelle écrit que la vieillesse a communiqué à l'auteur de Pertharite un peu de sa sécheresse et de sa dureté naturelles, il se trompe gravement, comme il exagère en comparant à l'infortune de Bélisaire l'échec d'amour- propre '^e Corneille.

C'est encore Fontenelle qui écrit, avec tout aussi peu d'exac- titude : « Après Pertharite, M. Corneille, rebuté du théâtre, entreprit la traduction en vers de l'Imitation de Jésus-Christ. 11 y fut porté par des pères jésuites de ses amis, par des uenti- ments de piété qu'il eut toute sa vie, et sans doute aussi par

1. Au lecteur de Pertharite.

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