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Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/73

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ETUDE D'ENSEMBLE lix

devant lui à Versailles, en octobre f676, et Ton nous pardonnera de citer en partie un morcean connu de tous, mais qui est le dernier digue de Corneille, et couronne si bien son œuvre entière :

��Est-il vrai, grand monai-que, et puis-je me vaiitei'

Que tu prennes plaisir à me ressusciter,

Qu'au bout de quarante ans Cinna, Pompée, Horace

Reviennent à la mode et retrouvent leur place,

Et que l'heureux brillant de mes jeunes rivaux

N'ôte point leur vieux lustre à mes jeunes travaux?

Achève : les derniers n'ont rien qui dégénère.

Rien qui les fasse rroire enfants d'un autre père :

Ce sont des malheureux étouffés au berceau,

Qu'un seul de tes regards tirerait du tombeau.

On voit Sertorius, Œdipe et Rodof/une

Rétablis par ton choix dans toute leur fortune,

Et ce choix montrerait qu'Othon et Sure.na

Ne sont pas des cadets indignes de Cinna.

Sophonisbe à son tour, Attila, Pulchérie

Reprendraient pour te plaire une seconde vie;

Agésilas en foule aurait des spectateurs,

Et Bérénice enfin trouverait des acteurs.

Le peuple, je l'avoue, et la cour les dégradent :

J'affaiblis, ou, du moins, ils se le persuadent;

Pour bien écrire encor j'ai trop longtemps écrit.

Et les rides du front passent jusqu'à l'esprit.

Mais contre cet abus que j'aurais de suffrages,

Si tu donnais les tiens à mes derniers ouvrages!

Que de tant de bonté l'impérieuse loi

Ramènerait bientôt et peuple et cour vers moi !

« Tel Sophocle à cent ans charmait encore Athènes,

Tel bouillonnait encor son vieux sang dans ses veines,

Diraient-ils à l'envi, lorsque Œdipe aux abnis

De ses juges pour lui gagna toutes les voix. ».

Je n'irai pas si loin ; et si mes quinze lustres

Font enror quelque peine aux modernes illustres,

S'il en est de fâcheux jusqu'à s'en chagrinei ,

Je n'aurai pas longtemps à les importuner.

��Que d'amertume, mais aussi que de iierté dans ces vers, qu sont comme le testament poétique du vieux Corneille! Les « modernes illustres », les « jeunes rivaux » auxquels il fait une allusion chagrine, n'étaient pas si assurés de l'avenir qu'il pouvait le croire : l'année suivante, l'auteur de Phèdre renonçait au théâtre où Corneille l'avait précédé de près d'une quaran-

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