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SUR LES COMÉDIES lxxxv

quand il le faut, élever la voix, mais ils ne l'élèvent souvent qu'assez tard, et versent, tantôt du côté de l'indulgence exces- sive, tantôt du côté de la brusque sévérité. Quels fruits doit-on attendre d'une éducation si peu suivie? Le résultat diffère selon que diffèrent les tempéraments : parmi les filles, plus directem^-nt soumises au pouvoir paternel, les unes se soumettent sans peine, les autres, moius nombreuses, inclinent vers la révolte. On ne saurait accuser la libre et gaie Piiylis de manquer de hardiesse ni d'indépendance; et pourtant Phylis dira :

��Sachez que mes désirs, toujours indifférents, Iront sans résistance au gré de mes pirents ; Leur chois sera le mien... Et, mon père content, je dois être contente*.

��Mais cette so imission filiale perd un peu de son prix aux yeux de ceux qui savent Cléandre un fort bou parli, et connaissent l'esprit positif de Phylis. L'adroite Doris, qui joue avec tant d'aisance un rôle en partie double, et perd sans trop de dépit un fiancé pour en couquérir un autre, dira de même, avec une rési- gnation hypocrite :

Je ne sais qu'obéb, et n'ai point de rouloir*.

Mais cette même Doris, si obéissante, si impassible, nous lavons entendue railler les filles « bien sages », qui acceptent aveuglément « un brutal, un sauvage 3 » de la main de leurs parents. Quand Célidée proteste à son père que ses seuls com- mandements produirout sou auiour^, elle est sincère sans doute, mais elle l'est tout autant quand elle entre en lutte contre la voloûté paternelle. J'entends bien Daphnis murmurer, en bais- sant les yeux :

Florame, je suis fille, et je dépends d'un père*»

1. La Place Royale. V, 1; V, »,

2. La Veuve, V, 6.

3. La Veuve, IV, 9.

4. Galerie du Palais, I, S,

5. La Suivante, II, 3.

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