Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ro CINNA

Galerie du Palais, de Corneille, signalait la tragédie de 1640 parmi les nouveautés encore en faveur:

« Çà, Monsieur, qu'achèterez-vousî Dit une belle librairesse. .. Voulez-vous voir la Galatée, La Niobé, la Pasithée, La Mort de César, Jodelet, Le Cinna, le Maître valet • ?

N'avoir pas lu Cinna passait pour le dernier mot de l'igno- rance, et l'auteur d'une Comédie de la Comédie (1661), Dori- mon, égayait les spectateurs aux dépens d'un sot qui vantait la prose du chef-d'œuvre toujours admiré. Ce sont là d'obs- curs témoignages : d'autres nous viennent de plus haut. Rotrou, tout à la fois le père, le maître et le disciple de Cor- neille, dans Saint Genest, son Poli/eucte à lui, par un admi- rable anachronisme, mettait, en 1646, dans la bouche de son principal personnage l'éloge de l'ami en qui il ne voulut jamais voir un rival. Il glorifiait ces tragédies tout antiques, qui, justement renommées.

Portent les noms fameux de Pompée et d'Auguste, Ces poèmes sans prix, dont son illustre main D'un pinceau sans pareil a peint l'esprit romain s.

Tous les rivaux n'étaient pas aussi généreux, et Corneille ne vécut pas assez pour entendre Racine, vieillissant lui-même et apaisé, réparer de trop cruelles épigrammes par un public hommage : « La scène retentit encore des acclamations qu'excitèrent à leur naissance le Cid, Horace, Cinna, Pompée, tous ces chefs-d'i ivre représentés depuis sur tant de théâtres, traduits en tant tle langues, et qui vivront à jamais dans la bouche des hommes ^. » Devant un tel éloge, qui faisait tout oublier, le jeune Corneille (c'est le nom qu'il garda jusqu'au delà de quatre-vingts ans) n'eut pas sans doute la force de se souvenir, et de se dire, avec un sourire :« 11 est doux d'ad- mirer un adversaire, quand il n'est plus à craindre. » Désar- mant, à l'exemple du maître, ses disciples ne mêlaient plus que d'inoiîensives critiques à des louanges sincères : « Un homme est simple, timide, d'une ennuyeuse conversation ; il prend un mot pour un autre, et il ne juge de la bonté de sa pièce que par l'argent qui lui en revient; il ne sait

1. L'auteur de la Galatée est inconnu; les autres pièces sont de Frénicle, ds Troterel, de Scudéry, de le Métel d'Ouville, et de Searron.

2. Saint Genest, I, r.

3. Réponse au Discours de Thomas CorneUIe reQu à l'Académie en rempla- cernent de son frère ^685.)

�� �