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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/20

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4 ËOftACE

seulement le mouvement du corps, le choc des armés, qui fixaient les regards, mais déjà des blessures et du sang, lors- que, devant les Irois Albaiiis hicssés, deux Romains tombent cxjiiianls l'un sur laulre. A celle vue, l'année albaine a poussé un cri de joie. Les légions romaines n'onl plus d'espoir; mais elles s'iiiléresscnt encore h la lutte : car elles tremblent pour ce guerrier seul qu'enveloppent' les trois Curiaces. Heureuse- incnl, il n'avait aucune blessure, et, trop faible conlre eux tous, il était redoutable pour chacun séparément. Alin donc de diviser leur attaque, il prend la fuite, persuadé qu'ils le suivi'ont à d'inégales distances, selon la i^ravité de leurs bles- sures. Déjà il était assez loin du théâtre du combat, lorsque, regardant derrière lui, il les voit à des distances bien iné- gales en effet. L'un d'eux n'était pas loin : il se retourne et fond sur lui avec impétuosité. L'armée albaine criait encore aux Curiaces de secourir leur frère, qu'Horace vainqueur l'avait immolé et courait vers un second ennrmi. Un cri, tel qu'en arache un triomphe inespéré, part de l'armée romaine et encourage le guerrier; il se hâte d'en finir : avant d'être rejoint par le troisième Curiace, qui n'est pas éloigné, il tue le second. Dès lors, ils étaient un contre un : le nombre était le même, mais non pas la confiance et la force. L'un n'avait pas une blessure ; lier de ses deux victoires, il s'avançait, assuré de {a troisième; l'autre, fatigué par sa blessure, hale- tant et épuisé par la course, et vaincu d'avance par la défaite de ses frères, ne fit que s'otfrir au fer du vainqueur. Ce ne fut pas un combat. Le Romain, triomphant, s'écrie : « J'en « ai immolé deux aux mânes de mes frères; le troisième, je « l'immole aux intérêts dont doit décider cette guerre, afin « que Rome règne surAlbe. » A peine son ennemi soutenait-il ses armes : il lui plonge son épée dans la gorge, et le dépouille renversé à terre. Les Romains accueillent Horace avec des cris de joie et de triomphe. L'allégresse était d'autant plus vive qu'on avait désespéré du succès. Les deux peuples s'occu- pent alors d'ensevelir leurs morts, mais avec des dispositions d'esprit bien ditïérentes, puisque l'un devenait maître, l'autre sujet. Les tombeaux subsistent à la place oi!i tombèrent les com- battants. Ceux des deux Romains sont ensemble du côté d'All)e, ceux des trois Albains sont plus près de Rome, mais éloignés les uns des autres, à l'endroit où a eu lieu chaque combat. <t Avant de se séparer, Mclius demande, aux termes du U'ailé, les ordr'cs de Tullus. Tullus lui ordonne de tenir ses soldats sous les armes; il s'en servira, s'il a à faire la guerre aux Véiens. Les deux armées rentrèrent ainsi dans leur ville. A la tête des Romains marchait Horace, précédé des dépouilles dei

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