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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/264

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SO CINNA

Aux rn.lnes paternels je dois ce sacrifice;

Cinna me l'a promis en recevant ma foi, ^ 135

Et ce coup seul aussi le rend digne de moi.

11 est tard, après tout, de m'en vouloir dédire :

Aujourd'hui l'on s'assemble, aujourd'hui l'on conspire ;

L'heure, le lieu, le bras se choisit aujourd'hui,

Et c'est à faire enfin à mourir après lui. 140

SCÈNE III. CINiNA, EMILIE, FULVIE.

■ ,EM1LIK.

Mais le voici qui vient. Cinna, votre assemblée Par l'effroi du péril n'est-elle point troublée, Et reconnaissez-vous au front de vos amis

guis vitam contempsit, tus dominus est. C'était aussi le mot de Henri IV, ri fon en croit Montaigne (I, uni).

Qui sait bien mourir, sait vaincre tonte chose. (Rotrou. [Jercule mourant, Xi, nr.) Qui ne craint point la mort est siir de la donner. {Oreste, III, viii,)

Le sens est donc : quelques précautions que prenne Auguste, quelque ordre qu'il observe dans les mesures destinées à le défendre, tout citoyen qui saura mourir sera maître de la vie de l'empereur.

134. Quoi qu'en dise Voltaire, on comprend fort bien qu'il s'agit du sacrifice, non (le Cinna, mais d'Auguste.

137. Ce dernier argument n'est indiqué que pour la forme; Emilie eut pu se dispenser d'y recourir : sa volonté n'est pas à la merci du temps.

139. M. Geruzez observe que les exemples de cet accord irrégulier, mais poé- ique, sont fréquents dans Racine :

Ses menaces, sa voix, son ordre m'a tronblée. (Bajazet , V, i.)

Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête. {Iphigénie, m, v.)

140. C'est à faire à, tournure que Voltaire juge trop familière, mais qui, dan» la tragédie cornélienne, signifie tantôt, comme ici : tout ce qui reste à faire, c'est de... il ne reste plus qu'à; tantôt : en être quitte pour:

S'il ose venir à quelque violeucc. C'est à faire A céder deux jours à 1 insolence. {Polyeucte, 1608.) C'est à faire à périr pour le meilleur parti. [Pulchérie, II. n.) Voltaire ajoute : « Ce n'est qu'une scène avec une confidente, et elle est sublime.» C'est que la timide vertu de Fulvie fait mieux ressortir encore par le contraste la résolution virile d'Emilie. Etonnés d'abord, nous nous laissons peu à peu séduir» par ces grands airs de sincérité farouche, par cet enthousiasme républicain, au point d'oublier quels motifs personnels l'inspirent. La scène suivante nous affer- mira dans notre sympathie pour les conjurés, dans notre haine pour le tyran dont ils veulent délivrer Rome. Ce ne sera pas trop des quatre autres actes pour dissiper nos illusions et nous faire passer du côté d'Auguste.

141. Dans la langue du xvn* siècle, assemblée et réunion sont à peu près sy- nonymes. On disait : l'assemblée du Louvre, l'assemblée des troupes :

Des chrétiens une impie assemblée. (Polyeucte, I, ui,) 143. Qne je lis d'infortune aux traits de ton visage. (Rotron, Antigone, III, il.

Il lit an front de ceux qu'un vain luxe environne

Qae la fortune Tend ce qu'on croit Qu'elle donne.

(L'a Fontaine, Phxléman et Bawit.)

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