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force el lumière. Dans un cadre de médiocre étendue, Tart du poêle évoque la famille romaine, avec la pureté de ses mœurs, la gravité de sa discipline, la diversité des membres qui la composent, et la cité elle-même tout entière, avec ses instilu* lions et les vertus qui la destinaient à l'empire du monde. Ainsi, par une anticipation si vraisemblable qu'on ne l'a pas remarquée, Rome soumise à l'autorité des rois est déjà digne de n'en plus avoir*.»

Horace n'e^t d'ailleurs, pour ainsi dire, que le sévère fron- tispice d'un monument que Corneille éleva, pendant de longues années, à la gloire de Rome. Seul, Horace représente la

f)ériode des rois, tandis que l'ère, plus longue, il est vrai, de a République romaine, est jeprcsentée par Sophonisbe, ISlco- méde, Sertoiius, Pompée, Suréna, el celle de l'empire par Cinna, Othon, Tile el Bérénice, Héraclius, Pohjeucte, Pulchérie. Quelle galerie dramatique el historique tout à la fois! N'est-il pas vrai que Corneille a noblement conquis le titre de citoyen romain et que Segrais ne se trompait guère quand il assu- rait que ce poète, tout Romain d'esprit, devait être « échappé des Cornéliens de Rome »?

��HORACE AU THEATRE AVANT CORNEILLE

Il est curieux que le premier devancier de Corneille ait été le satirique et licencieux Pierre Arétin, plus connu sous le nom de l'Arétin, et surtout que cet écrivain, peu habitué aux sujets austères, ait traité gravement ce grave sujet. Sa tragédie d' Orasia (la sœur d'Horace), imprimée à Venise en 1546, est mal nommée, puisque la sœur d'Horace meurt dès le troisième acte; et le chœur des Vertus, qui, à la tin de chaque acte, chante quelque moralité, ne contribue pas à l'animer. D'ail- leurs, elle ressemble assez peu à l'Horace de Corneille. Nous l'analyserons pourtant, d'après Ginguené 2, ne fût-ce que pour faire ressortir le contraste entre la piècb /talienne, où tout parle aux sens, et la tragédie française, qui s'adresse à la raison et n'a souci d'émouvoir que l'àme. Par là se distinguera plus nettement le caractère tout psychologique, nous du'ions volontiers tout cartésien, de ces drames cornéliens un peu

1. Histoire de la littérature française.

S. Histoire littéraire d'Italie. Il' partie, chap. zxi

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