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96 CINNA

Point de plaisir sans trouble, et jamais de repos.

Sylla m'a précédé dans ce pouvoir suprême ;

Le grand César, mon père, en a joui de 'même:

D'un œil si difféi-ent tous deux l'ont regardé

Que l'un s'en est démis, et l'autre l'a gardé : 380

Mais l'un, cruel, barbare, est mort aimé, tranquille,

Comme un bon citoyen dans le sein de sa ville;

L'autre, tout débonnaire, au milieu du sénat

A vu trancher ses jours par un assassinat.

Ces exemples récents suffiraient pour m'instruira, 38j

Si par l'exemple seul on se devait conduire :

L'un m'invite à le suivre, et l'autre me fait peur;

Mais l'exemple souvent n'est qu'un miroir trompeur,

Et l'ordre du destin qui gêne nos pensées

N'est pas toujours écrit dans les choses passées : 390

Quelquefois l'un se brise où l'autre s'est sauvé,

Et, par où l'un périt, un autre est conservé.

Voilà, mes chers amis, ce qui me met en peine. Vous qui me tenez lieu d'Agrippe et de Mécène,

376. Ce vers, — que Voltaire trouve trop faible après le précédent, — parait è M. Geruzez avoir été présent à l'esprit de La Fontaine, dans sa fable du Bâcha- ron (I, xvi) :

Point de pain quelquefois, et jamais de repos.

377. Var. Sylla s'en est dé/ni=, mon père l'a pardé,

Différents en lear lin comme en leur procédé. (1643-56.)

Sur cette abdication de Sylla voyez le Dialogue de Sylla et cTEnerate, dam Mont' quieu; on y verra que Sylla, rentré dans la vie privée, fut craint et res pecté #ncore plus qu'aimé.

383. Débonnaire est rarement pris, ailleurs que chez Corneille, dans un sens aussi relevé ; mais il l'était fort souvent avant le xvii' siècle. Bossuet lui-mêm* a dit, dans nn sermon, « Jésus le débonnaire. »

388. « Miroir se dit figurément en morale de ce qui nous représente quelque chose ou qui la met comme devant nos yeus. » (Dictionnaire de Furetière 1690).

Nous serons les miroirs d'une verta bien rare. (Borate, 465.

389. Au V. 923, gêner sera encore employé avec le sens très fort de mettre i la gène, torturer. Le dictionnaire de Nicot rend gêner par torquere :

La reine, à la gêner prenant mille délices.

Ne commettait qu'à moi Tordre de ses supplices. (Rodogune, 267.)

390. Voltaire a pris le soin, peut-être superQu, de nous expliquer des vers as sez clairs par eux-mêmes : « 11 veut dire : Je destin que nous cherchons à con naître n'est pas toujours écrit dans les événements passés qui pourraient nous instruire. »

394. Voyez des noms latins également francisés, parfois assez mal à propos aux vers 265, 438, 598, 1135, 1203, 1489, 1490, 1536. Dans ses Poésies diverses. Corneille va jusqu'à écrire, sans que la quantité l'y contraigne. Cinne, au lien ie Cinna :

Tu m'assures bien mieux de l'immortalité

Que Cinne. Rodogune. et la Cid, et X'Horaet.

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