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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/281

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ACTE II , SCENE I »1

Pour résoudre ce point avec eux déballa 393

Prenez sur mon espril le pouvoir qu'ils onl eu.

Ne considérez poinl celle grandeur suprême,

Odieuse aux Romains, et pcsanle à moi-même;

Trailez-moi comme ami, non comme souverain.

Rome, Augusle, l'i^ltal, loul esl en voire main : 400

Vous mettrez et l'Europe, et l'Asie, et l'Afrique,

Sous les lois d'un monarque, ou d'une république^

■Votre avis est ma règle, et, par ce seul moyen,

Je veux être empereur, ou simple citoyen.

CINNA.

Malgré notre surprise, et mon insuffisance, 405

Je vous obéirai, Seigneur, sans complaisance, Et mets bas le respect qui pourrait m'empêcher De combattre un avis où vous semblez pencber. Soufirez-le d'un esprit jaloux de votre gloire

393. « Auguste eut en effet, à ce qu'on dit, cette conversation avec A^ippa et Mécène; Dion Cassius les fait parler tous deux; mais qu'il est faible et stérile en comparaison de Corneille I Dion Cassius fait parler ainsi Méc;nas: Consultei plutôt les besoins de la patrie que la voit du peuple, qui, semblable nu\ en fants, ignore ce qui lui est profitable ou nuisible. L.i république est comme un vaisseau battu de la tempête, etc. Comparez ces discours à ceux de Corneille, J<ins lesquels il avait la difficulté de la rime à surmonter. Cette scène esl un trait du droit des gens. » (Volt.iire.; Les discours non d'Auguste, qui garde le silenf-e, mais d'.\grippa qui défend rojiinion de .\la\ime, et de Mécène, qui ouvre le même avis que Cinna, n'occupent pas moins de quarante chapitres du LU"* livre de Dion Cassius. Cette allusion prouve que Corneille en avait con- naissance; on peut même dire qu'il l'a mis à profit avec un sens merveilleux des nécessités dramatiques. Les personnages de Dion Cassius dissertent; leurs discours, presque toujours diffus et abstraits, souvent maladroits, se déroulent coniplaisamment en longs paragraphes. Corneille retranche sans pitié tous les développements inutiles, abrège, anime et précise tout. Rien n'est d'ailleurs moins vraisemblable que le récit de Dion : Agrippa n'a jamais passé pour un farouche républicain, lui dont Velleius (II, 79) a dit qu'il ne savait ob ir qu'à un seul, mais aimait à dominer les autres. Mais Suétone assure que par deux fois Auguste eut le projet d'abdiquer le pouvoir. En tout cas, nous sommes ici en préseni'e, non plus d'un exercice de rhétorique et d'une fi^^tion froide, mais d'un sérieux entretien, qui sera comme la pierre de touche des caractères et d'où sortiront dos péripéties dramatiques.

403. Quelques commentateurs ont remarqué qu'il faudrait, ce semble: Votie 4vis sera ma règle: car il ne l'e.'it qu'exceptionnellement. Au reste, si l'on ne se place qu'au point de vue historique, on peut douter, avec Montesquieu, qu'.\u- euste ait jamais fait sinferement une offre paireille à ses amis et au peuple, Voyez l'Introduction, p. 30.

405. Nous ne connaissons pas d'autre exemple, dans Corneille, d'insuffisance appliqué à une personao. — Chez Dion Cassius, c'est Agrippa, le partisan de la république, qui rommenr-e ainsi son discours ; mais l'exorde de Cinaa est beau- coup plus court et plus habile.

407. Mettre bas, pour déposer, quitter, est familier à Corneille, qui dit égal», ment mettre bas la haine {Pompée, IV, m), mettre bas l'avantage du trône (A'i- coméde, III, 6), mettre bas l'artifice (Othon, II, v).

408. Où, vers 1 ; où lient aussi, dans Cinna, la place du relatif précédé d'une préposition ; voyex les v. 1045 et 1132.

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