106 CINNA
Et qu'a fait voir comme eux le second de ses roi«.
MAXIME.
Les changements d'État que fait l'ordre céleste
Ne coûtent point de sang, n'ont rien qui soit funesl%
ClNNA.
C'est un ordre des dieux qui jamais ne se rompt, Denousvendreun peu cher lesgrandsbiens qu'ils nous font. '.>(,'.'< L'exil des Tarquins même ensanglanta nos terres, \
Et nos premiers consuls nous ont coûté des guerres.
MAXIME.
Donc votre aïeul Pompée au ciel a résisté, Quand il a combattu pour notre liberté?
CINNA.
Si le ciel n'eût voulu que Rome l'eût perdue, 565
Par les mains de Pompée il l'aurait défendue : Il a choisi sa mort pour servir dignement D'une marque éternelle à ce grand changement. Et devait cette gloire aux mânes d'un tel homme, D'emporter avec eux la liberté de Rome. 570
556. Le second de ses rois, c'est Nuina ; sous les œnsuls, après la première guerre punique. Dans son testament, que M. G. Perrot a déchiffré définitive- ment à Ancyre, Auguste rappelle que trois fois sous lui n ter me principe », les nortes du temple de Janus furent fermées et que la paix régna dans l'univers. I)ans ses Odes (IV, 14), Horace cite ce fait comme l'un des plus glorieux du règne d'Auguste :
Janam Qnirini clansit. . En lisant, dans plusieurs textes, tertium, au lieu de ter, quelques commenta- teurs ont pu croire que le temple de Janus n'avait été fermé que trois fois en, tout, pendant le règne de Numa, après la première guerre punique, enfin sous Auguste. Florus lui-même s'est trompé sur ce point ; mais il est contredit par le témoignage de Suétone. En discutant les affirmations inexactes de Dion Cassius et d'Orose à ce sujet, M. Egger fait remarquer que ces trois dates auraient une haute importance, s'il était vrai, comme le prétendent les apologistes chré- tiens, que la dernière coïncidât avec la naissance du Christ. (Examen critique det historiens anciens de la vie et du règne d' Auguste.)
Var. Ce que tons ses consola n'ont pn faire deux fois.
Et qu'a fait avant eux le second de ses rois. (16J(S-86.)
559. Rompre est plus usité au figuré que se rompre.
565. « L'objection de votre aieul Pompée est pressante ; mais Cinna n'y répond que par un trait d'esprit. Voilà un singulier honneur fait aux mânes de Pom- pée, d'asservir Rome, pour laquelle il combattait. Pourquoi le ciel devait-il cet Donneur à Pompée ? Au contraire, s'il lui devait quelque chose, c'était de soute- nir son parti, qui était le plus juste, » (Voltaire.)
566. C'est un souvenir du mot d'Hector à Enée:
Si Pergama dextra Defendi possent, etiam hac defeosa fuissent. (Enéide, II, 291.)
570. La forme est subtile, mais la pensée n'est pas obscure. Cinna veut dire que les dieux devaient à Pompée, non pas, comme semble le croire Voltaire, . ■ d'asservir Rome », mais, au contraire, de la laisser libre jusqu'à sa mort, puisque seul il la soutenait, et qu'après lui, elle était fatalement condamnée à
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