ACTE III, SCÉiNE IV 121
SCÈNE IV. .EMILIE, CINNÂ, FULVIE.
iEMILIE.
Grâces aux dieux, Cinna, ma frayeur était vaine :
Aucun de tes amis ne t'a manqué de foi,
Et je n'ai point eu lieu de m'emplover pour toi.
Octave en ma présence a tout dit à Livie,
Et par cette nouvelle il m'a rendu la vie. 910
CINNA .
Le désavouerez-vous? et du don qu'il me fait Voudrez-vous retarder le bienheureux effet?
jEMILIE.
L'effet est en ta main.
CINNA.
Mais plutôt en la vôtre.
EMILIE.
Je suis toujours moi-même, et mon cœur n'est point autre; Me donner à Cinna, c'est ne lui donner rien : 915
C'est seulement lui faire un présent de son bien.
CINNA.
Vous pouvez toutefois... ô ciel! l'osé-je dire?
EMILIE.
Que puis-je? et que crains-tu?
QNNÂ.
Je tremble, je soupire, Et vois que, si nos cœurs avaient mêmes désirs, Je n'aurais pas besoin d'expliquer mes soupirs. 920
Ainsi je suis trop sûr que je vais vous déplaire; Mais je n'ose parler, et je ne puis me taire.
EMILIE.
C'est trop me gêner : parle.
CINNA.
Il faut vous obéir.
906. Cette tranquillité conGante d'Emilie forme un contraste dramatique avec l'agitation inquiète de Cinna.
907. Var. Tes amis généreux n'ont point mani[né de foi j
Et ne m'ont point réduite à m'emplover pour toi. (1643-56.) I
912. Bienheureux peut se dire des choses comme des personnes ; Corneille et Racine ont dit : « ce bienheureux moment. » {Poli/eucte ; IV, m; Bajazet, I, i.)
913. In manu, expression toute latine pour : dépend de toi. 919. Var. Et si nos cœnrs étaient conformes en désirs. (1644-66.) Même sans l'article, comme au vers 1598.
923. Nous avons vu, aox vers 389, G04 et 797, combien les mots gêne et gé- 9er avaient perdu de leur énergie primitive.
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