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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/329

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ACTE IV, SCÈNE III 14c

SCÈNE 111. A.UGUSTE, LIVIE

AUGUSTE.

Madame, on me trahit, et la main qui me tue Rend sous mes déplaisirs ma constance abattue, Cinna, Cinna le traître...

LIVlE.

Euphorbe m'a tout dit, U9S

Seigneur, et j'ai pâli cent fois à ce récit. Mais écouteriez-vous les conseils d'une femme?

AUGUSTE.

Hélas! de quel conseil est capable mon âme?

LlVIE.

Votre sévérité, sans produire aucun fruit,

lolu a , noui dirions, aujourd'hui : cette tempête déchaînée dans une âme haut«  et sincère.

1193. Dans le Discours du poème dramatique, Corneille observe que c'est une règle d'annoncer, dès le premier acte, les personnages principaux, mais qu'on n'y est pas obligé pour les personnages secondaires, comme Livie, dont il a été parlé d'ailleurs auparavant. A ses yeux « les conseils de Livie sont de l'action principale ». Tout au contraire, Voltaire écrit : « On a retranché cette scène au théâtre depuis environ trente ans. Le conseil que Livie donne à Auguste est rapporté dans l'histoire ; mais il fait très mauvais elTet dans la tragédie : il ôte à Auguste la gloire de prendre de lui-même un parti généreux. » Aujourd'hui encore, le rôle de Livie est supprimé à la Comédie française, bien qu'on l'eût rétabli en 1860. Cette mutilation d'une telle œuvre nous parait bien osée. Vojez l'Intro- duction qui nous dispense de faire des réserves sur cette opinion d un auteur dramatique moderne : « Le retra';uement que les acteurs ont fait du rôle de Livie diminue la vraisemblance Listorique de ce dénouement, et augmente son éclat théâtral ; car le public, toujours sensible aux beaux mouvements, applaudit moins volontiers aux froides mesures de la raison qu'aux transports généreux du cœur. Le judicieux esprit de Corneille n'eût pu néanmoins prêter à un tyran tel que fut Octave une cleraencp '.itturelle ; il avait trop bien étudié le cœur hu- main pour lui attribuer une aut e bonté qu'une clémence politique. » (Lemercier.)

1194. Déplaisir, comme ennui, gêne, etc., est un des mots dont le sens a le plus perdu de sa iforce depuis le ivu" siècle. Quand le roi demande au vieil Ho- race comment il supporte la mort de sa fille, le vieil Horace répond :

Sire, avec déplaisir, mais avec patience (1*59.) Dans Rodogune, Cléopâtre expirante ne trouve pas de terme plus énergique pour exhaler sa fureur :

C'est le seul déplaisir qu'en mourant je reqol. (1814.) *.

1197. (I Admittis muliebre consilium? » (Sénèque.) De même, dans Dion Cas-

sius (LV, 110), Livie s'excuse d'avance de sa hardiesse: » Mr| ôta(X£|jt,'^Y) oTi

ÏûvY) ouffa xo).(iâ) ffot ff'jjj.6ov).E0aaî ti. » Mdis que, chez Dion Cassiùs, l«  iscours, ou plutôt la dissertation de Livie est prétentieuse et abstraite I

|i99. Vor. Seigneur, josques ici votre sévérité

\. f^it beaacoap de bruit et n'a rien proQté. (1643-W.)

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