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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/341

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ACTE rv, SCÈNE VI 151

Etalera sa gloire et ton ignominie, Et sa mort va laisser à la postérité

L'infâme souvenir de ta déloyauté. t*00

Un même jour t'a vu, par une fausse adresse, Trahir ton souverain, ton ami, ta maîtresse, Sans que de tant de droits en un jour violés, Sans que de deux amants au tyran immolés, Il te reste aucun fruit que la honte et la rage 1405

Qu'un remords inutile allume en ton courage. Euphorbe, c'est l'effet de tes lâches conseils; Mais que peut-on attendre enfin de tes pareils ? Jamais un affranchi n'est qu'un esclave infâme ; Bien qu'il change d'état, il ne change çoint d'âme; 1410

La tienne, encor servile, avec la liberté N'a pu prendre un rayon de générosité. Tu m'as fait relever une injuste puissance, Tu m'as fait démentir l'honneur de ma naissance. Mon cœur te résistait, et tu l'as combattu 1415

Jusqu'à ce que ta fourbe ait souillé sa vertu. Il m'en coûte la vie, il m'en coûte la gloire, Et j'ai tout mérité pour t'avoir voulu croire. Mais les dieux permettront à mes ressentiments De te sacrifier aux yeux des deux amants. Et j'ose m'assurer qu'en dépit de mon crime

��1420

��1399. Far. Et porte avec son nom à la postérité..-. (1643-66.) 1406. Sur courage, pour cœur, voyez les v. 77 et 206.

1409. «Aussi le nom latin d'affranchi, liberhnus , a-t-U passé dans notr«  langue avec une acception injurieuse. » (M. Geruzez.)

1410. Var. Et pour changer d'état, il ne change point d'âme. (1643-B6.) 1412. Au v. 1754, on retrouvera ce même mot de rayon, pris au figuré.

1416 La fourbe, dit M. Littré, est le caractère du fourbe ; la fourberie est l'action de fourber; mais quand, par extension, fourbe prend le sens d acte de fourbe, alors fourbe et fourberie sont exactement synonymes. Il s agit ici, non d'un acte isolé de fourberie, mais du caractère même d Euphorbe :

La fourbe n'est le jeu que des petites âmes. (Nicomède, IV, u.) Comme le fait remarquer M. Geruzez, il faudrait plutôt, grammaticalement, «&t souillé; mais le poète obéit à sa pensée, qui lui montre la souillure présent», et il emploie le temps qui exprime sa pensée. .» i •

1421 B On ne peut pas dire en dépit de mon cnme, comme on d.t maigre mon Crim«, parce qu'un crime n'a point de dépit. » (Voltaire.) — « Il ne faut pas se montrer si rigoureux pour l'emploi de ces locutions prépositives ; aucune d elles ne conserve, en toute circonstance, sa signification primitive: maigre a un sens tout à fait analogue à en dépit de, et si on voulait ainsi remonter en puriste a rétvmoloKie, on n'oserait pas plus dire malgré mon crime que endeptt de mon crime. » (M. Marty-Laveaui). — JU'a'ssurer, pour être assuré, prendre assurance, confiance, compter que:

Madame, asiurez-vou* de mon obéissance. {Mithridate, I, n.) Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? (La Fontaine, V, xvn.) Poir mon cœur, t-o» ponvei vous assure- de lui. (Femme» (avanre«,IV,Til.)

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