«56 CINNA
Pour ne te soupçonner d'aucune lâcheté : 4380
Les dieux seraient pour nous prodigues en miracles, S'ils en avaient sans toi levé tous les obstacles. Fuis sans moi, tes amours sont ici superflus.
MAXIME.
Ali! vous m'en dites trop.
iEMILIE.
J'en présume encor plus. Ne crains pas toutefois que j'éclate en injures; 1388
Mais n'espère non plus m'éblouir de parjures. Si c'est te faire tort que de m'en défier, Viens mourir avec moi pour te justifier.
MAXIME.
Vivez, belle Emilie, et souffrez qu'un esclave...
EMILIE.
Je ne t'écoute plus qu'en présence d'Octave. 1390
Allons, Fulvie, allons.
��SCENE VI
MAXIME.
Désespéré, confus, Et digne, s'il se peut, d'un plus cruel refus, Que résous-tu, Maxime? et quel est le supplice Que ta vertu prépare à ton vain artifice? Aucune illusion ne te doit plus flatter; 1395
^Emilie en mourant va tout faire éclater; Sur un même échafaud la perte de sa vie
1383. Suivant Voltaire, odieux conviendrait mieux ici que superflus ; mai» Emilie n'injurie pas Maxime, elle le dédaigne, et sa froideur méprisante le con- fond plus que ne ferait sa colère.
1386. Non plus, pas plus, pas davantage. — M'éblouir de parjures, c'est-à-dire par tes parjures, qui, présentés d'une manière spécieuse, pourraient tromper mef regards, surprendre mon esprit:
Veulent-ils m'éblouir par une feinte vaine ? {Phèdre, V, iv.)
1391. « Jamais un monologue ne fait un bel effet que quand on s'intéresse à relui qui parle, que quand ses passions, ses vertus, ses malheurs, font dans son ame un combat si noble, si attachant, si animé, que vous lui pardonnez de parler trop longtemps à soi-même. » (Voltaire.)
1394. Ce mot de vertu n'est pas si déplacé que le croit Voltaire, dans la bourbe de Maxime ; il a le sens du latin virtus, courage, et Corneille l'emoloia très souvent ainsi. (Cf. Cid, 399, 1296 ; Horace, 1064, 1395, etc.)
1305. Te est ainsi construit un peu plus bas, au v. 1418.
1307. «Il n'y avait point d'échafauds, chez les Romains, pour le»^ criminels* 1 appareil barbare des supplices n'était point cfonu, excepté celui de la Dotenc» tn croix pour les esclaves. » (Voltaire.)
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