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Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/360

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176 CINNA

Pour prolonger vos jours, retrancher nos années, 17S0

Et moi, par un bonheur dont chacun soit jaloux, Perdre pour vous cent fois ce que je tiens de vous!

LIVIE.

Ce n'est pas tout, Seigneur : une céleste flamme

D'un rayon prophétique illumine mon âme.

Oyez ce que les dieux vous font savoir par moi ; 1755

De votre heureux destin c'est l'immuable loi :

Après celle action vous n'avez rien à craindre, Ou portera le joug désormais sans se plaindre, Et 1-es plus indomptés, renversant leurs projets, Mettront toute leur gloire à mourir vos sujets, 1760

Aucun lâche dessein, aucune ingrate envie N'attaquera le cours d'une si belle vie ; Jamais plus d'assassins, ni de conspirateurs. Vous avez trouvé l'art d'être maître des cœurs. Rome, avec une joie et sensible et profonde, 1765

Se démet en vos mains de l'empire du monde; Vos royales vertus lui vont trop enseigner Que son bonheur consiste à vous faire régner. D'une si longue erreur pleinement affranchie, Elle n'a plus de vœux que pour la monarchie, 1770

znii* siècle, où moteur se dit de celui ou de celle qui produit des efforts com- parés au mouvement physique ; en voici un de Corneille :

Et toi, poissant moteur du destin qui m'outrage, Termioe ce combat sans aucun avantage. {Cid, V, iv.)

En général il s'applique à Dieu. Dans son ode célèbre au comte du Luc, J.-B Rousseau a imité ce passage :

Ne délibérez plus, tranchez mes destinées, Et renouez leur fil à celui des années Que vous lui réservez.

17S3. « On retranche, aux représentations, ce dernier couplet deLivie, comme les autres, par la raison que tout acteur qui n'est pas nécessaire gâte les plus grandes beautés. » (Voltaire.) En thèse générale, nous n'approuvons point ces mutilations arbitraires ; mais, dans ce cas particulier, il est certain que l'enthou- siasine prophétique de Livie nous laisse froids ; on s'étonne qu'une inspiration

��surnaturelle descende précisément sur celle qui a parlé jusqu'ici le langage ie plus positif. Ici encore le bon sens et la sagacité politique n'auraient-ils pas si " a lui révéler l'avenir, qu'elle prédit avec une solennité voisine de l'emphase ?

��1754. Voyez rayon pris également au figuré au v. 1412.

1755. Corneille et ses contemporains emploient souvent ouïr à l'impératif

Oyez, dit-il ensuite, oyez, peuple, oyez tons. (Polyeucte, 840.)

i759. Renversant leurs projets exprime mal renonçant à leurs projets, qui e4 ta pensée de l'auteur ; voyez, au v. 30, renverser pris dans un sens un peu dit feront.

1763. « Nullis amplius insidiis ab ullo petitus est. » (Sénèque.) 1770. De telles paroles gagneraient peut-être à passer par la bouche d'Emilia^ forcée de s'incliner, non seulement devant la gr.-xndeur d'âme de l'empereur. Biais encore devant la nécessité «olitioue de l'empire. Elles deviendraient alon

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