Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE V, SCÈNE IH 115

Ma haine va mourir, que j'ai crue immortelle; 1725

Elle est morte, et ce cœur devient sujet fidèle, Et, prenant désormais cette haine en horreur, L'ardeur de vous servir succède à sa fureur.

CINNA.

Seigneur, que vous dirai-je, après que nos oifenses

A.U lieu de châtiments trouvent des récompenses? 1730

vertu sans exemple ! ô clémence, qui rend

Votre pouvoii' plus juste, et mon crime plus grandi

AUGUSTE.

Cesse d'en relarder un oubli magnanime, Et tous deux avec moi faites grâce à Maxime. Il nous a trahis tous; mais ce qu'il a commis 1735

Vous conserve innocents, et me rend mes amis. (A Maxime.) Reprends auprès de moi ta place accoutumée ; Rentre dans ton crédit et dans la renommée; Qu'Euphorbe de tous trois ait sa grâce à son tour, Et que demain l'hymen couronne leur amour. 1740

Si tu l'aimes encor, ce sera ton supplice.

MAXIME.

Je n'en murmure point, il a trop de justice. Et je suis plus confus, Seigneur, de vos bontés Que je ne suis jaloux du bien que vous m'ôtez.

CINNA.

Souffrez que ma vertu dans mon cœur rappelée 1745

Vous consacre une foi lâchemeat violée. Mais si ferme à présent, si loin de chanceler. Que la chute du ciel ne pourrait Tébranler. Puisse le grand moteur des belles destinées,

1740. Leur amour, l'amour de Cinna et d'Emilie ; le sens serait plus clair s'il était précisé par un jeu de scène ; Auguste: en prononçant ces mots, doit se tourner vers les deux amants, tout en continuant de s'adresser à Maxime.

1742. Il est peut-être un peu trop rigoureux de dire, avec Voltaire : « Un supplice est juste, on l'ordonne avec justice ; mais le supplice n'en a point, parce qu'un supplice ne peut être personnifié. »

1744. Décidément, après comme avant le pardon d'Auguste, Maxime joue le rôle le plus piteux, et garde les sentiments les moins nobles.

1745. Sur rappeler, voyez la note du v. 1345.

1748. Dans Rodogune (V, i), Cléopâtrc, usaiit d'une métaphore analogue s'écrie :

Tombe snr moi le eiel, pourvu que je me venge!

Comme le fait remarquer M. Liltré, le ciel, autrefois, était supposé solide ; d9 • tl, cette expression, qui rappelle les vers d'Horace sur le juste impassible :

Si fraetus illabatur orbis,

ImpaTidum ferlent roinœ. (Odes, Ul, m.)

1749. H. Littré cite un iirand nombre d'exemples, empruntés au ivii* et ta'

�� �